Le handicap chez JEMS : épisode 2 avec Ethan
Bonjour ! Pour commencer, quel est ton nom, ton prénom et ton poste ?
Alors, je m’appelle Ethan Bernier et j’ai été recruté sur un poste de Business Analyst en janvier 2023.
Quel est ton parcours professionnel ?
Mon parcours est varié et atypique, celui d’un geek couteau-suisse !
Infirmier passionné par la médecine, j’ai baigné dans l’informatique depuis l’enfance. J’ai gravi les échelon : technicien, ingénieur, j’ai élargi mes compétences en conduite de projet, chef de produit, travaillant dans divers domaines (santé, recherche, jeux vidéo). Titulare d’un Master en Sciences Cognitives, alliant technologie et art, avec une passion pour les données et leur interprétation éthique, j’ai poursuivi avec une formation de Data Analyst, puis sur l’agilité pour apporter de la valeur aux clients, j’essaie de contribuer en apportant chez Jems toute ma palette de compétences technique et transversales.
Quelle est ta vision du handicap au sein des entreprises en France ?
En France, l’accompagnement des personnes en situation de handicap, notamment en entreprise, présente un retard évident. Les politiques d’État varient d’une région à l’autre, accentuant les inégalités territoriales en matière d’aide. Au sein des entreprises, les personnes concernées sont rarement invitées à participer à des ateliers visant à améliorer la situation. Malgré les bonnes intentions, un décalage persiste entre les besoins réels et les solutions mises en place. Les formations sont peu adaptées et se concentrent principalement sur les handicaps visibles, excluant ainsi une grande partie de la population ayant un handicap invisible. Il faut savoir qu’en France, 80% des personnes ont un handicap invisible, ce n’est pas négligeable !
https://www.apf-francehandicap.org/handicap-invisible-35492
Malheureusement, les personnes qui tentent de faire changer les choses sont souvent ignorées ou insuffisamment formées. Malgré tout, il existe des exceptions, des personnes avec une très belle énergie, qui méritent d’être mises en valeur. Les personnes en situation de handicap sont rarement consultées sur leurs besoins et se voient imposer des solutions génériques qui ne conviennent pas à tous. J’ai eu de belles expériences en entreprise, notamment grâce à un coach qui avait une vision holistique et une formation solide sur les divers handicaps. Il a su m’apporter des conseils personnalisés pour adapter mon poste et permettre à l’entreprise d’offrir un réel suivi adapté aux personnes en situation de handicap, en sensibilisant également le management.
Quel est ton handicap ?
Je suis une personne « issue de la neurodiversité » et je cumule plusieurs handicaps. Mon premier handicap, détecté dès ma naissance, est une déficience visuelle qui a entraîné une perte quasi-totale de la vue d’un œil. Étant né dans les années 70, il n’était pas bien compris à l’époque, ce qui a eu un impact négatif sur sa prise en charge. Mon autre œil fait de son mieux, mais je n’ai pas de vision en 3D et mon cerveau n’a jamais appris à reconstituer une image binoculaire, ce qui entraîne des vertiges, des maux de tête et une vision fluctuante. Travailler sur ordinateur est possible avec des adaptations, mais je rencontre des difficultés à me situer dans l’espace, à me déplacer seul dans des environnements inconnus ou mal indiqués. Les déplacements en train ou en métro sont particulièrement difficiles, surtout lorsque je suis chargé.
En plus de cela, je suis une personne avec des troubles du spectre autistique avec haut potentiel intellectuel (certains m’appelle même « Sheldon », cela vous dit quelque chose ?) et j’ai un haut potentiel intellectuel. Je suis également hyperactif avec des troubles de l’attention. Je ne vais pas m’étendre sur mes problèmes de troubles musculo-squelettiques, mais j’ai eu deux accidents de voiture assez improbables qui ont affecté ma colonne vertébrale.
Quelle est ta vision du handicap au sein de JEMS ?
J’ai vécu une expérience professionnelle anticipée et inclusive, travaillant à distance à plein temps. JEMS a pris en compte mon handicap dès le début, facilitant l’installation du matériel à mon domicile. Je tiens donc à remercier JEMS d’avoir facilité la réception du matériel à mon domicile, me permettant de l’installer et d’être opérationnel dès le premier jour. C’est un véritable atout que l’intégration soit planifiée le mardi, offrant ainsi la possibilité d’être là la veille, un véritable avantage supplémentaire ! J’ai été traité avec équité et considération, ce qui est rare ailleurs. Une expérience vraiment précieuse.
Est-ce que ton handicap a été un frein pour ton intégration au sein de JEMS ? (Aménagement de poste, temps de travail etc.)
J’ai rencontré quelques obstacles lors d’une soirée organisée à laquelle j’ai assisté et qui m’a rendu vraiment malade, rendant difficile l’organisation autour de cet imprévu. Cependant, cela m’a aussi permis de me dire : « Si cela se reproduit, je sais maintenant ce que je dois faire en amont, quelles mesures prendre. » J’ai donc eu une première expérience, une sorte de baptême du feu.
Une autre difficulté réside dans l’incapacité de participer aux afterworks et aux activités régulières, car elles sont principalement organisées en personne. Il n’est pas facile de connaître ses collègues par ce biais. Heureusement, il y a des communautés et des groupes de discussion, mais il manque un espace de discussion informel autour des passions des collaborateurs, comme les jeux de société, les jeux vidéo, la lecture de romans de science-fiction ou autres.
Malgré tout, au-delà de l’éloignement involontaire, cela ne constitue pas un obstacle majeur dans l’ensemble, mais plutôt un moteur selon moi. Lorsque l’on rencontre des difficultés, on apprend rapidement à s’adapter et à être plus attentif aux autres.
Quel conseil donnerais-tu aux personnes qui n’osent pas déclarer un handicap ?
Il est important de souligner que c’est une démarche personnelle et que chaque individu doit évaluer s’il est nécessaire ou non d’adapter son poste de travail ou ses horaires. Il faut peser les avantages et les inconvénients de manière individuelle. Se poser les bonnes questions est essentiel, comme savoir si l’on trouve une satisfaction suffisante dans sa vie actuelle sans aménagement et si l’on parvient à travailler efficacement sans épuisement mental ou physique.
Il est également pertinent de se demander si le bénéfice potentiel qui découlerait de l’adaptation ne mérite pas de déclarer sa situation au médecin du travail afin d’obtenir la Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH). Cela peut contribuer à atteindre un équilibre physique, mental, et un sentiment de bien-être au travail, voire une sérénité globale.
Je pense qu’il est crucial de mettre l’accent aujourd’hui sur le bien-être et l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle, ce qui inclut des aménagements globaux, pas uniquement axés sur les personnes handicapées. Une entreprise qui favorise un environnement agréable et prend soin de ses collaborateurs remplit déjà une partie de sa mission. La médecine du travail devrait être là pour compléter et personnaliser ce qui est nécessaire afin de travailler dans les meilleures conditions.
J’aime dire que si tous les sanitaires étaient accessibles aux personnes à mobilité réduite, il n’y aurait plus de notion de handicap dans ces lieux. Imaginez tout ce que nous pourrions réaliser en effaçant progressivement certains stigmates…
Comment penses-tu que notre entreprise peut mieux promouvoir une culture inclusive et valoriser la diversité ?
Promouvoir des communautés inclusives et solidaires pour offrir un soutien aux personnes en situation de handicap, favoriser la déstigmatisation de leur condition et faciliter leur intégration dans le milieu professionnel. Ces communautés permettent aux individus de se connecter, de partager leurs expériences et de participer à des groupes de travail visant à développer une culture d’inclusion. Elles offrent également un espace où les futurs employés handicapés peuvent échanger avec des personnes déjà présentes dans l’entreprise, favorisant ainsi un accueil chaleureux et des réponses aux questions éventuelles. L’objectif est de valoriser la diversité et de reconnaître que la différence est une source de richesse.
As-tu des suggestions pour améliorer l’intégration des travailleurs handicapés dans notre entreprise ?
Accompagnement personnalisé avec coaching adapté ou soutien psychologique pour les personnes en difficulté, afin de les soutenir tout au long du processus d’obtention de la RQTH et éviter l’isolement qui peut être destructeur. Importance d’un suivi continu pour garantir une intégration réussie.
Un dernier mot ?
Coaching des managers/commerciaux important. Reconnaître et accompagner les difficultés du handicap. Sensibiliser les clients. Bienveillance, compréhension et non-jugement essentiels. Reconnaissance et partage d’expérience bénéfiques.
Merci à JEMS de m’avoir permis d’apporter une vision du handicap et de la diversité ainsi que mon retour d’expérience, j’espère que cela permettra à d’autres de « sortir du placard » et d’accepter un coup de main.